dimanche, octobre 29, 2006

Europa

En quittant la Russie, nous étions impatients de rejoindre notre première mer depuis 4 mois : la Baltique. Les côtes estoniennes s’étirent tout le long de cette mer nordique et une fois la frontière passée nous n’avons pas tardé à l’apercevoir, et à nous glisser jusqu’à une plage pour l’admirer de plus prés. Malheureusement même si nous aurions bien fait quelques brasses, sa température à cette saison n’invite pas à la baignade … Sauf si l’on est russe au sang chaud (nous avons vu un papy se baigner dans le fleuve a St Petersburg !)

Nous nous sommes contentés d’une petite balade sur la plage, songeant qu’autrefois ici poussait une vaste forêt ! Lorsque la mer s’est avancée noyant les terres, elle a maintenu prisonnières les résines des arbres, qui se sont figées devenant minérales. Ainsi se formait l’Ambre de la baltique, une pierre dont les teintes vont du jaune à l’orange sombre en passant par le vert. Les font marins en sont très riches et la pierre façonnée en bijoux de toutes sortes, se retrouve dans les boutiques de St Petersburg à Riga.

Mais le plus beau bijou d’Estonie est certainement le cœur de sa capitale, Tallinn. En pénétrant dans sa citadelle, on fait un bond dans le passé et l’on se retrouve subitement en pleine époque médiévale. La citée, parfaitement conservée a su garder tout son cachet et l’on se plait à vagabonder entre porches et ruelles au milieu des vieilles pierres.
Ce voyage au temps des vikings est encore accentué par les tenues moyenâgeuses des commerçants, et les décors authentiques des échoppes qui vous transportent littéralement en plein décor de film.



























La beauté du centre historique de Tallinn, qui remonte au Xème siècle, lui a permis d’être inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Nous sommes tombés sous le charme du lieu, encouragés par l’accueil chaleureux de ses habitants, et par la vue imprenable sur les remparts que nous offrait notre fenêtre de chambre…



Ce fut une bien agréable surprise car nous ne comptions faire halte à Tallinn que pour publier le blog et faire un peu de mécanique l’esprit tranquille, libérés enfin de la contrainte des visas.
Nous étions en effet arrivés en territoire européen, les pays baltes faisant partie de la Communauté Européenne depuis 2004. Ils n’utilisent pas encore l’Euro et les trois pays possèdent une monnaie et une langue différente, ce qui ne facilite pas les choses pour le voyageur … Cependant presque tous comprennent le russe, suite à leur long rattachement à leur influent voisin. Après avoir été occupés par les danois puis les suédois, ils firent partie de la Russie pendant de nombreux siècles, de 1795 à la fin de la première guerre mondiale. Nouvellement indépendants à la fin des conflits, ils ont été annexés par l’Union Soviétique dés le début de la seconde guerre mondiale et n’ont retrouvé leur autonomie qu’en 1990, au moment de l’effondrement du bloc. Aujourd’hui, malgré le regard critique de la Russie, la volonté des pays baltes est de s’ancrer définitivement au sein du monde européen.

Après cette page d’histoire, nous quittâmes la ville un peu à contre cœur, sans nous douter que le prochain bivouac serait encore fabuleux. Il fallu moultes tentatives pour se rapprocher du bord de mer avant de dénicher un petit coin forestier bordé de roseaux. Au loin le soleil se couchait sur la mer, nous offrant une fois de plus ses superbes lumières, faisant briller la roselière comme un rivage d’or.

Mais tel un kaléïdoscope, la nature nous réservait un tout autre plumage au petit matin, et dans la douce brume, les phragmites apparurent revêtus d’un habit de givre. Empênés de glace, les plumeaux des roseaux brillaient dans la lueur des pales rayons matinaux.
















Malgré la fraicheur de l’air l’atmosphère s’était sensiblement adoucie depuis la Russie, mais nos pauvres trois chevaux ne semblaient pas se remettre d’un rhume sibérien ! Ils « éternuaient» par intermittence et nécessitaient une visite du Docteur Steph ! Il procéda à une intervention chirurgicale sous anesthésie sur le corps du « carburator ». L’opération se déroula sans douleur et la patiente se réveilla péniblement vers midi. Elle sembla récupérer assez rapidement et notre docteur l’encouragea à une rééducation immédiate en la lançant vers la frontière Lettonienne. Se félicitant de son diagnostique, il ne tarda pas à convenir que son intervention n’avait rien changé à l’irrégularité du galop de nos trois chevaux … ! Mais cela ne les empêchant pas d’aller d’un bon trot, nous gageâmes qu’ils marcheraient bien jusqu’à St Didier ! Et encourageant notre fidèle Ami 6, nous traversâmes les trois pays baltes, attentifs à notre monture mais sans trop d’inquiétudes.

Nous aurions aimé suivre le littoral jusqu’à la Pologne, mais pour cela il nous aurait fallu un autre visa russe !
Et oui, un visa pour pouvoir traverser un tout petit bout de Russie, exilée, une enclave au bord de la mer Baltique, entre la Lituanie et la Pologne. Cette zone est la région de Kaliningrad, deux fois grande comme le Luxembourg. Il ne reste ainsi qu’un tout petit passage, entre ce morceau de Russie et la Biélorussie, un « goulet » qui permet de traverser en restant en Europe … Encore un curieux découpage de frontières…
Ces fameuses frontières que nous avons passées entre les 3 « baltes » sans même couper le moteur, et sans même un coup de tampon sur le passeport ! Presque un peu décevant d’ailleurs, car un « traveller » est toujours très fier d’exhiber la grande quantité de tampons de son passeport ! Mais à ce que l’égo aura perdu, le trajet aura gagné en temps car il faut reconnaitre qu’on a parfois passé jusqu’à une journée complète dans certaines douanes …
Ainsi avant de traverser la Lituanie par l’intérieur des terres, nous avons fait nos adieux à la mer Baltique en Lettonie, pour un dernier pique-nique sur la plage… La Baltique, que nous ne n’imaginions pas voir en quittant la France, sera la plus septentrionale de toutes les mers côtoyées durant ce voyage.


Continuant suivant le cap au Sud nous entrâmes en Pologne, avec la joie de retrouver pour la première fois un pays que nous avions déjà visité ensemble, trois ans auparavant. Mais nous fûmes assez surpris de le découvrir changé par un brusque développement économique. La raison en est simple, dans ce court laps de temps, la Pologne a intégré l’Europe, la même année que les pays baltes. Ainsi les infrastructures routières sont bien meilleures, les stations essences toutes neuves fleurissent le long des routes ainsi que les cafétérias parfois même équipées d’internet ! On se sent bien loin des petits « Pectopah » familiaux des routes sibériennes où l’on vous servait le borsh préparé dans la cuisine attenante au bar …
Cependant on retrouve quand même sur certaines routes les longues ornières dans le bitume dues aux camions, si typiques de la Pologne, et sa riante campagne si verte et si belle. Les paysages font un peu penser à la Roumanie, à la différence prés qu’ici tout est propre, pas un plastique qui traine et cela fait plaisir de retrouver une nature enfin respectée.


Et c’est dans une des plus belles régions de Pologne que notre route devait nous conduire : la Mazurie. Cet endroit situé au Nord Est est aussi appelé le « Pays des mille lacs » car on ne compte pas moins de 4000 lacs et étangs, reliés entre eux par des canaux et des rivières.
Une pause pêche et ornithologie s’imposait forcément !
Et nous avons eu la chance de dénicher un grand lac si séduisant qu’il nous a retenus deux jours sur ses rives.


L’endroit ne pouvait pas être mieux choisi : un joli ponton s’avançait sur l’eau et une tonnelle avait même été aménagée autour d’une table et d’un barbecue.
Nous avons eu tôt fait de sortir la canne à pêche, les jumelles et la popotte et nous nous sommes installés pour le plus confortable des bivouacs que nous ayons jamais eu.
Le barbecue devant la petite table nous donnait l’impression d’avoir une vraie cuisine et nous avons même mitonné une compote maison, dessert de luxe en bivouac !
De plus le lac nous offrait l’eau en abondance pour la cuisine, la vaisselle, et la toilette détail dont on apprécie l’importance que lorsque l’on ne possède plus l’eau courante …
Finalement, la sensation de confort tient à peu de choses lorsque l’on vit simplement depuis des mois.

Malheureusement la pêche ne fut pas aussi abondante qu’en Mongolie : après avoir lancé la ligne tout l’après-midi, nous n’avons pu nous régaler que de deux petits poissons !
Mais cela n’a pas découragé notre vaillant pêcheur car le lendemain matin, Stéphane déterminé reprenait déjà son poste sur le ponton. Il fit sa plus grosse prise ce matin là : un control des gardes pêche !
Pour éviter les ennuis et bien décidé à lancer encore sa ligne, Steph décida de prendre la licence de pêche annuelle ! (Avis aux amateurs, nous avons un permis valide jusqu’à l’année prochaine !!!) Les gardes goguenards et sympathiques nous ont alors promis qu’on attraperait d’énormes poissons !
Il faut croire que l’aventure a bien fait rire la faune aquatique car ils ont pris un malin plaisir à éviter la cuillère toute la journée ! Ca nous aurait couté moins cher d’aller chez le poissonnier du coin !!!
Nous étions encore plus dépités en voyant apponter deux pêcheurs en barque qui semblaient avoir fait bien meilleure pitance. Mais nous n’avons pas tardé à comprendre que leur secret résidait certainement dans la Zubrowska ! Moralité en Pologne un bon pêcheur est un pêcheur enivré !!!

Mais ce ne fut qu’une petite déception, largement compensée par la beauté du paysage, qui nous réservait encore des surprises. Nous ne découvrîmes sa dimension spectaculaire qu’au petit matin, réveillés par les premiers rayons de l’astre solaire. Masqué par une épaisse brume, il diffusait une lumière opalescente, irisée, rendant l’atmosphère impalpable, presque surnaturelle. Nous nous sommes levés en chuchotant comme par peur de briser la magie de ce moment. Il semblait que plus le soleil montait, moins son lit de brume ne voulait le laisser s’échapper et l’enveloppait de vapeurs langoureuses. La lumière s’accentuait d’avantage à chaque instant, devenant presque métallique, changeant le ciel en halo d’or et les eaux en un flot d’argent.












Et dans ce spectacle féérique évoluaient mouettes et grèbes, plongeant activement dans les ondes laissées par les bouches des poisons, eux aussi en chasse, aux premières heures de l’aube.


C’est dans de tels moments que l’on se sent privilégiés de pouvoir assister à un tel réveil de la nature.
C’est un cadeau qui nous réconcilie instantanément avec notre lit étroit et tous les aspects inconfortables du bivouac.




Car c’est un bonheur inestimable que de pouvoir assister à de tels spectacles du fond de ses couvertures, dans un lit à ciel ouvert !


Le deuxième matin libéré de l’enveloppe de brume, nous offrit un visage encore différent et tout aussi splendide, nous faisant un dernier clin d’œil avant de quitter ce lieu.
Curieuse vie nomade lorsque l’on y songe, qui permet de contempler des endroits merveilleux, mais qui pousse toujours à les quitter, pour continuer, pour voir plus loin, pour en découvrir d’autres …



Et notre prochaine découverte était de taille : Berlin. Après la Pologne nous entrions en Allemagne par sa capitale, qui n’est située qu’à 50 km de la frontière polonaise. Nous nous sommes alors replongés dans l’histoire, celle d’une période qui concerne notre siècle, une époque des plus sombres …


Arrivant à Berlin par l’Est, nous ne pouvions nous empêcher de penser à la longue séparation de l’Allemagne et à sa capitale dont la situation, avec le recul était des plus aberrante. En visitant les restes du mur de Berlin, on comprend mieux ce qu’à pu être ce « mur de la honte » et l’on ressent presque ce sentiment vis-à-vis de ce qu’ont pu faire les hommes à cette époque. Nous avons fait un bond dans nos leçons d’histoire que nous avons rafraichies en nous procurant quelques documents.

C’est au pied de cette construction que l’on réalise concrètement comment des familles et des amis ont été subitement séparés, par une barrière dont le franchissement illégal signifiait la mort ! Nous avons aussi compris que c’était en fait Berlin Ouest qui était entièrement muré pour empêcher ceux de l’Est d’y entrer, devenant une île au milieu de la RDA …

Bien sûr certains ont quand même tenté de passer, par toutes sortes de moyens : en escaladant le mur, en creusant des tunnels, voir même en fonçant dedans en buldozer ! D’autres aussi ont essayé d’enfoncer les barrières aux check points avec des voitures ou des bus blindés …Un petit nombre y est arrivé, comme ce camion avec lequel trois jeunes berlinois de l’Est réussirent à fuir.
Un graffiti célèbre du mur de Berlin montre la fameuse « Traban », devenue presque une emblème de cette époque, traversant le mur de béton.
En regardant le tracé de la fortification sur un plan de la ville, on ne peut s’empêcher de se dire :
« Alors ici on serait à l’Est, et là on passe à l’Ouest. Ah et là on se serait fait tirer dessus, nous sommes dans la « dead zone » entre les deux murs … »
Tout cela semble déjà si loin aujourd’hui alors que l’on peut traverser toute l’Allemagne d’Est en Ouest sans être inquiété, et qu’à Berlin se déroule un des plus grand et des plus débridé festival d’Europe : la Love Parade, qui accueil des jeunes du monde entier !

Nous avons logé à Berlin Est, arrivants pleins d’idées reçues, imaginant ce côté marqué par l’architecture morose de l’époque soviétique. Et nous y avons découvert un des quartiers les plus sympathiques de la ville, un lieu plein de vie, de familles avec leurs bébés se mélangeant aux « punks » et aux « gothiques » au milieu des multitudes de terrasses de cafés et de restaurants.

C’est incroyable de réaliser qu’avant la chute du mur, il y a à peine 16 ans, nous n’aurions jamais pu effectuer ce voyage car l’Europe était presque imperméablement coupée en deux… Finalement notre parcours s’est déroulé aux trois quarts à travers les anciens états du bloc soviétique : depuis l’ex Yougoslavie jusqu’à ce retour par l’Allemagne de l’Est !
Nous comprenons maintenant combien le communisme et l’influence soviétique ont été une des trames importantes du voyage et que la compréhension du passé de tous ces pays a été essentielle pour pouvoir aborder ces différentes cultures. Malgré la diversité des traditions et la forte volonté dans beaucoup de pays de les faire revivre, tous ont été marqués profondément par cette même domination russe. En terminant par Berlin, nous quittons l’ancienne sphère soviétique par un des symboles les plus forts de sa domination, et de sa chute …


C’est plongés dans ces réflexions, et dans bien d’autres, que nous avons laissée dernière nous la capitale d’Allemagne. Depuis que nous avons amorcé le retour, nous avons commencé à nous figurer tout ce que cela représentait. Nous nous sommes réjouis parfois d’avoir encore tous ces kilomètres pour s’habituer à cette idée et ne pas être propulsés par avion à Roissy, comme débarquant de la lune !

Mais maintenant rendus dans un pays frontalier de la France, nous avions beau avoir du mal à réaliser que nous étions si proches, il fallait cependant en convenir … et accepter.
Malgré tout, cela reste difficile « d’atterrir » après huit mois de vagabondage...
Ainsi pour cette raison, mais aussi car nous tenions à éviter les reliefs (par respect pour notre vieille Ami) nous avons convenu de passer par les plats pays du Nord : La Hollande et la Belgique.



Nous nous sommes donc dirigés plein Ouest, traversant toute l’Allemagne du Nord, en direction du pays des moulins. Mais nous ne nous attendions pas à croiser ces géants du vent bien avant la frontière … Leur silhouette se détachant dans une belle lumière de fin de journée, nous n’avons pas résisté à faire une halte. Nous avons alors découvert un véritable village d’autrefois, reconstitué en un musée à ciel ouvert. Leurs longues ailes s’élançaient, rivalisant avec les clochers étincelants d’une superbe église de style orthodoxe, entièrement en bois.













Ce fut notre dernière étape allemande, avant d’entrer en Hollande le lendemain. Là notre préférence pour les petites routes tranquilles de campagne allait être bien contrariée. En effet le réseau routier hollandais est en majeure partie constitué d’autoroutes ! Force était de constater que de toutes manières nous n’aurions pas le choix de faire les derniers 50 km jusqu’à Amsterdam par cette voie … Après avoir commencé par l’éviter, nous nous sommes rendu compte que notre progression zigzaguait autour de la voie rapide et que nous tournions longuement dans les villages avant de trouver notre chemin. Nous avons donc convenu qu’il valait mieux se lancer sur l’autoroute, sachant qu’elles sont gratuites et gageant que nous pourrions suivre le rythme …
Ce ne fut pas chose simple, Stéphane conduisait le nez rivé dans son rétroviseur, pour prévenir des écarts que faisaient certaines voitures arrivant comme des balles par l’arrière. Nous tenions difficilement le 80 km/h, un peu inquiets d’en demander autant à notre vieille acolyte qui semblait encore avoir de la vigueur malgré les vibrations et l’intense vrombissement de son moteur. En contradiction avec ce que veut la coutume, ce fut avec soulagement que nous accueillîmes les ralentissements à l’entrée de la ville !

Nous débarquâmes ainsi dans la capitale de Hollande un samedi soir, jour le plus animé de cette ville insolite, donnant un peu au novice l’impression d’arriver en pleine fête nationale ! Mais c’était simplement un samedi comme un autre, dans un centre ville grouillant d’une population débridée et variée, se déplaçant en foule compacte dans les ruelles, s’attablant bruyamment aux terrasses des pubs et restaurants, s’interpellant ou éclatant en fous rires à tous les rivages des canaux ! Une ambiance plutôt joyeuse et festive qui vous gagne rapidement, même si l’on se sent un peu « décalé » en atterrissant au milieu de cette atmosphère enfiévrée. D’autant plus lorsque, nous perdant entre canaux et ruelles, nous n’avons pas tardé à nous retrouver dans le fameux « quartier rouge », situé en plein centre ville …
Arrivant fraîchement de pays plutôt moins permissifs, cela paraissait un peu étrange d’évoluer dans des venelles éclairées de lanternes rouges ou des femmes en tenues légères et provocantes discutent le prix de la passe à la porte de leur « vitrine » avec les clients de passage, avant de refermer sur eux un rideau bienséant … Ou encore de passer devant les terrasses des « coffe shops » ou des gens de tous âges et de toute appartenance sociale, discutent en sirotant un jus de fruit avec un gros « pétard » de marijuana aux lèvres, distillant une forte odeur d’herbe tout autour !
Et même si tout ceci est de notoriété publique, cela reste stupéfiant de l’observer réellement.
Cette ambiance enflammée et la diversité des personnes qui l’anime, aussi bien résidents que touristes de tous pays a inspiré a Stéphane une image fort bien sentie : « Amsterdam, c’est la grande cour de récré de l’Europe » !!!

Mais l’aspect « récréatif » de cette ville est loin d’être son seul atout car le cadre de ces festivités est absolument superbe. C’est le lendemain au grand jour que nous avons pu l’apprécier dans toute sa splendeur. Construite autour du fleuve Amstel, tout son centre ville est parcouru de canaux circulaires, creusés à l’origine pour le drainage des terres cultivées.

Aujourd’hui ils servent de voies navigables pour le transport de marchandises et surtout les visites touristiques de la ville. Ce réseau de petits canaux et de ponts qui les enjambent, reliant d’étroites rues parfois envahies par la végétation donne un charme incomparable à la ville.


Ses longues maisons étroites et élancées, toutes en fenêtres et en briques colorées, font l’originalité de l’architecture caractéristique d’Amsterdam.
Elle est notre quatrième ville de canaux sur notre route de l’eau, mais aucune ne se ressemble et toutes nous ont séduites.




Nous ne pouvions cependant pas quitter la ville avant d’avoir vu son fameux port si célèbrement chanté par Brel. Dans la partie la plus intéressante qui possède un musée de la marine sont amarrés de vieux bateaux en bois, magnifiquement restaurés. Et nous nous sommes plus à rêver d’aventures maritimes échangeant le temps d’un songe notre volant contre un gouvernail …












Mais la découverte d’une compatriote Citroën (l’unique Ami 6 rencontrée dans tout le voyage ! ) a tout suite plongé Stéphane dans une série de clichés passionnés et de réflexions de spécialiste du style : « Etonnant cette berline « club » avec un démarrage à tirette …
Sachant que la notre n’est pas tout à fait une club mais qu’elle possède le même type de démarrage provenant du model 6 volts de 1966…»
… Avis aux connaisseurs …

C’est assez fièrement que nous avons retrouvé la notre, la trouvant rutilante malgré toutes ces épreuves à côté de sa consœur qu’on pourrait qualifier de « dans son jus » !
Et actionnant sa « tirette » nous l’avons lancée pour sa dernière ligne droite avant la France : La Belgique !

Ces trois jours en Hollande ont été la dernière pause que l’on s’accordait avant de rentrer car seulement 911 km nous séparaient encore de la maison. Après les étapes que nous réalisions en Russie, cela ne représentait plus qu’une bagatelle !
Et ce moment fut sans le vouloir, l’occasion de faire le point sur tous ces kilomètres et sur le périple que nous venions de réaliser, d’essayer de comprendre les sentiments complexes et confus qui se mêlent à la veille du retour …Ce qui finalement permet d’accepter cette fin inéluctable et de même s’en réjouir car elle signe la fin d’une histoire, mais le début de bien d’autres …

Nous avons donc traversé la Belgique rapidement, ne nous arrêtant que le temps de déguster une « moule frite » à Namur, et de savourer notre avant dernière nuit dans la voiture, camouflés dans un chemin forestier.














Le lendemain nous apercevions non sans émotion l’ultime frontière : la France !!!



Et pour l’anecdote, en guise de comité d’accueil notre première rencontre fut celle de la Gendarmerie Nationale, au premier rond point du premier village de notre cher pays !



Pour fêter l’arrivée, en bon français, la première chose que nous fîmes fut d’aller boire un café au bistro du coin, où la télévision diffusait une émission sur les dégâts de gibier ! Puis de faire une rasia à la boulangerie et de s’offrir chez l’épicier un bon fromage coulant et du saucisson d’Auvergne !!!
Que voulez vous on a beau se faire au mouton et au thé salé, il n’y a pas français plus heureux que celui qui retrouve après tant de mois de privation ses authentiques produits du terroir !

Nous étions alors dans les Ardennes, quasiment à la perpendiculaire du Beaujolais. Il nous fallait mettre le cap plein Sud en n’empruntant si possible que les petites départementales. Elles ont l’avantage … de faire durer le plaisir de la balade !
Vous pensez peut-être que l’aventure est maintenant terminée, que pouvait-il bien nous arriver maintenant que nous étions en territoire connu et si bien sécurisé ?
Une panne bien sur !!!

Il faut croire que l’Ami6 n’était pas plus pressée que nous de rentrer ! Alors que nous nous arrêtions pour regarder des oiseaux au bord d’un étang, histoire de traîner encore un peu, notre camarade fatiguée a refusé de repartir. Croyant à une blague nous avons insisté sur le démarreur tant et si bien que nous l’avons presque noyée !
Le coup de la panne à moins de 100 km de la maison, on ne s’y attendait vraiment plus !
D’autant que c’était la première fois depuis le début du voyage qu’elle refusait de démarrer !
Stéphane croyant à un caprice et ne tenant pas plus que cela à déballer les outils et mettre les mains dans le cambouis décida d’attendre un peu avant d’insister à nouveau.
Rien à faire, elle avait décidé qu’on la chouchoute jusqu’à la fin et elle avait une envie impérieuse qu’on lui gratte un peu les bougies !
Il a bien fallu se rendre à l’évidence, c’était elle la plus forte et il fallu sortir la clef à bougies.
Après les avoir remplacées par des moins vieilles et s’être excusés de n’avoir rien de mieux pour le moment, elle est repartie comme une fleur, apparemment satisfaite.

Quelques heures plus tard nous arrivions dans les douces collines du Haut Beaujolais, par la magnifique route de Cluny. C’est alors que nous avons ressentit l’allégresse de retrouver un paysage qui nous est cher, à l’heure du soir où il est le plus beau. Ôtant le toit ouvrant, nous avons laissé éclater notre joie soudaine,embrassant la vue sur la plaine de la Saône et respirant l’odeur des sapins qui recouvrent le mont pointu du Tourvéon surplombant la maison. Nous étions de retour, nous nous sentions chez nous et nous étions heureux.
Nous rentrions finalement à la maison au volant de notre « vaillante », le cœur remplit d’images et d’émotions, se murmurant au fond de nous : « On a réussi » !!!




Il est encore un peu tôt aujourd’hui pour pouvoir faire un bilan de cette aventure, nous manquons de recul sur ces huit mois. Et même si nos pieds sont bien à Beaujeu, nos esprits se sont un peu égarés entre Ulan Bator et St Petersburg … Nous attendons qu’ils nous rejoignent !

Mais en quelques chiffres, notre Route de l'eau nous a fait parcourir prés de 30 000 km (29729 exactement) dans 18 pays différents.

Nous restons donc en ligne car nous avons encore de la matière pour faire vivre ce blog !
Il reste toutes les photos prises avec l’appareil argentique, qui promettent d’être parmi les plus belles…
Nous prévoyons aussi de mettre en lien des séquences vidéo inédites, des morceaux de choix réalisés tout au long du voyage !!! ;-)

Et surtout nous attendons avec impatience vos derniers commentaires ! Car pour être très honnêtes ce sont vos messages qui ont permis à ce blog de perdurer tout au long du voyage.
Sans vos retours pleins d’humour ou d’encouragements, nous aurions probablement abandonné sa rédaction car cela demandait des heures de préparation. Nous avons continué car nous savions que vous nous lisiez, et aujourd’hui nous réalisons qu’il constitue un formidable carnet de bord !
Merci à vous tous qui nous avez lu, et qui avez participé à cette belle balade entre web et réalité !

Pour les plus timides ou pour ceux qui souhaitent nous laisser des messages personnels (ou professionnels : éditeurs, mécènes, grossistes en pièces détachées …) nous avons créé une boite mail de la route de l’eau : routedeleau@hotmail.com

N’hésitez pas à l’utiliser.

Dans l’impatience de vous revoir ...