vendredi, mars 31, 2006

Le Delta du Danube

Nous voici de retour à Bucarest après 6 jours d’évasion dans une des plus grande réserve de biosphère internationale classée par l’UNESCO : Le Delta du Danube.


Après avoir traversé l’Europe sur 2850 km, le Danube s’étale en une immense zone humide formée de canaux, de lacs, de roselières, et de forêts primaires inondées. Dans ce milieu exceptionnel, à mi-chemin entre le pole et l’équateur passent plus de 250 espèces d’oiseaux ! Vous pensez comme nous étions impatients d’aller voir ca, surtout en pleine période de migration prénuptiale !

Nous avons donc profité de ces 5 jours pour filer direction Tulcea, à la frontière entre la Roumanie, la République de Moldavie et l’Ukraine. Nous avons campé en route au bord d’un étang. Et nous sommes endormis en admirant les étoiles a travers le toit ouvrant de notre Ami, mais au petit matin il y avait du givre non pas a l’extérieur mais à l’intérieur ! Et oui le thermomètre devait être en dessous de zéro et quand on dort dans une voiture, la condensation peut geler la nuit … et elle nous goutte dessus quand on reprend la route !

Nous étions tout excités quand nous sommes finalement arrivés dans cette région tant convoitée par les ornithologues du monde entier.
Nous avions projetés de trouver un camping pour rester sur place une semaine et avoir une petite douche. Nous recherchions Le Pelican Vert tenu par un français ornithologue, d’après notre guide du routard (périmé de 6 ans). Quant une Dacia ( Renault 12 fabrication roumaine) toute en appels de phare est venue à nous, volant littéralement sur les nids de poule ! C’était Roméo, un guide roumain parlant un peu français, qui nous expliqua que l’homme que nous recherchions était décédé …et qu’aucun camping n’était encore ouvert !
Il nous a finalement trouvé une cabana (chalet) et nous a négocié un tour en bateau pour découvrir le delta.
En effet cette immense toile d’eau (15 fois plus grande que la Camargue) ne peut se visiter à pied. Nous avons donc pénétré les secrets du delta en bateau au petit matin et nous avons ouvert de grands yeux émerveillés. Nous ne vous ferons pas toute la liste de nos observations, mais quelques espèces emblématiques étaient au rendez-vous : Pélicans, Ibis, hérons Bihoreaux … Emmanuelle n’a pas quitté ses jumelles et Stéphane son appareil photo pendant les 5 heures de balade. Nous nous en sommes mis plein les mirettes sous un soleil généreux, et sommes rentrés heureux !


Nous avons passé les jours suivant entre le hamac et les observations autour des étangs proches du village. La vie quoi !


La vie animale « domestique » s’est aussi avérée intéressante : chaque maison possède une basse-cour, souvent très diversifiée, et libre d’aller et venir pendant la journée. Ici pas de confinement, alors que la grippe aviaire sévit dans cette région depuis l’automne. Apparemment tant qu’un village n’est pas touché, aucune mesure particulière n’est appliquée. Simplement les véhicules sont désinfectés à l’entrée et à la sortie de cette région.


Par ailleurs les chevaux, qui sont le principal mode de locomotion et surtout de transport, sont mis au prés attachés à des longes : aucune de clôtures nulle part. Simplement la qualité de la pâture laisse parfois à désirer … Les animaux en général ici sont très craintifs, et nous ne pouvons nous empêcher d’essayer de les approcher et de gagner leur confiance, surtout avec ce poulain très curieux.


Nous avons dû quitter à contrecœur le village de Murighiol pour rentrer sur Bucarest. Mais un très bel itinéraire le long de la mer Noire nous attendait, ainsi qu’encore quelques belles surprises …
Nous nous sommes arrêtés, toujours prés d’une roselière, charmés par les chants des engoulevents et des chouettes chevêches à la tombée de la nuit. Nous avons bien fait de les écouter car nous avons été réveillés par un lever de soleil grandiose qui fut le présage d’une très belle journée.

Un Lemming peu farouche nous a ensuite attirés sur une longue piste qui surplombait la mer noire. Steph a guidé l’Ami6 entre les ornières dans une conduite sans faute !

Cela valait le coup car nous avons pu admirer un superbe panorama. On s’est juste embourbés le temps de se faire un peu peur mais notre « tout terrain » est si léger qu’on l’a sortit sans forcer.


On a finit par rejoindre la route jusqu’à Istria, où nous avons eu notre dernière belle surprise du delta : des dizaines d’oiseaux de différentes espèces s’étaient rassemblés au bord de la lagune. Avocettes élégantes, canards Tadornes, Echasses, Grandes Aigrettes, et des dizaines de limicoles différents recherchaient leur nourriture dans la vase sans se soucier de notre présence. On jubilait. Ce fut le cadeau de départ !


Après avoir bien profité de cette belle boucle de 800km, nous partons maintenant direction les Carpates. Nous avons un rendez-vous un peu particulier, dans une ferme biodynamique pour échanger notre travail contre le gite et le couvert.

Si vous aviez envie d'ecouter l'interview de Radio Roumanie Internationale, elle est en ligne jusqu'au mardi 4 Avril a l'adresse suivante : www.wrn.org/listeners/stations/station.php?StationID=107

Il faut aller en bas de la page dans le petit cadre, sur la ligne "francais" et cliquer sur le 1er petit "W" qui signifie "wensday". L'interview est a partir de 8mn environ.

A bientot

PS : Nous avons glisse un petit message dans les commentaires

jeudi, mars 23, 2006

De Belgrade à Bucarest.


Apres Belgrade, nous avons rejoint les gorges du Danube : Le fleuve matérialise la frontière entre la Roumanie et la Serbie.
Nous l’avons suivi par une route chaotique, truffée d’obstacles et de nids de poules, voir même des éboulis qui barraient toute une voie de circulation … Par moment on avait l’impression de rouler sur un chantier ! Cependant cet itinéraire peu fréquenté nous a permis d’admirer un impressionnant décor : Le Danube est un fleuve énorme qui a façonné goulets resserrés et larges gorges.

Seul tache sur ce grandiose tableau : des dépotoirs à ciel ouvert tout aussi « grandioses » s’étalent régulièrement, juste au bord de l’eau ! On imagine facilement où ils finissent a chaque grande crue …





Surprise ! Rencontre avec notre 1ere Ami ! C’est une 8 (pour certains vous pourrez enfin faire la différence). De son propriétaire ou de Stéphane on se demande lequel est le plus ravi !





Nous avons passé la douane roumaine aux « Portes de fer ». C’est un énorme barrage hydroélectrique exploité par la Roumanie et la Serbie. Nous avons été accueillis par les larges sourires des douaniers roumains, surtout lorsque nous leur avons dit que nous allions jusqu’en Chine !

Autre ambiance : les chars attelés deviennent plus nombreux que les véhicules a moteur. Nous voici dans la campagne roumaine, belle et souvent préservée par une main humaine très peu mécanisée. Les terres sont cultivées de façon extensive mais ce sont surtout les pâturages qui dominent. Partout paissent des troupeaux de montons et de chèvres, et même de cochons, guidés par leurs bergers : ici pas de clôtures ni de barbelés.

Nous retrouvons avec plaisir une campagne plus chaleureuse que celle que nous avons traversée en ex-Yougoslavie. Cette impression était en plus accentuée par le retour du soleil !

Les animaux sont omniprésents dans tous les villages : chevaux, ânes, dindons, quelques vaches plus rares, mais surtout les chiens : ils sont partout.



Beaucoup sont errants, d’autres ont une maison mais flânent tout autant. Résultat on en retrouve beaucoup écrasés sur le bord des routes et les nuits résonnent des aboiements en écho.








Ici il y a beaucoup de vie dans les villages, chacun semble entretenir son bout de trottoir, le fossé devant chez lui, la plate-bande arborée… Du coup il en émane une impression d’intense vie sociale.



Le Danube s’étale maintenant largement dans les plaines et ses débordements créent des paysages magiques.
Malheureusement on retrouve là les déchets transportés depuis l’amont qui sont déposés tout le long du fleuve. C’est vraiment affligeant, et même franchement attristant.

On s’est adaptés au mode de vie local : pas d’eau courante dans les villages, l’eau est puisée au puits. Pour la vaisselle pas de problème, mais avant de la boire, filtrage obligatoire ! Ca s’avère efficace, toujours pas de problèmes intestinaux à l’horizon !
Après plusieurs bivouacs, une bonne douche se fait sentir, et l’eau du puit est vraiment froide ... On décide de s’offrir une douche chaude à la prochaine ville. L’hôtel est vide et nous serons les seuls clients. Du coup le bâtiment n’est pas chauffé (mis a part une chambre au cas où …) et le froid de l’entrée mêlé a une odeur acre de vieille soupe et de moisi donne l’impression d’entrer dans un vieux congélo ! On prend quand même la chambre mais l’ascenseur aux bruits inquiétants de chaines qui vont lâcher nous laisse entre 2 étages ! … On montera finalement par l’escalier, mais à la frontale … et oui pas d’éclairage …Evidemment pour finir la douche tant espérée sera, non pas froide, mais glacée !
On retrouvera avec plaisir un bon bivouac dans la voiture le lendemain ! Surtout devant le flamboyant coucher de soleil qui nous est offert.



Rassurez-vous on est maintenant quand même douchés et on sent bon après avoir trouvé une chambre chez l’habitant à Bucarest où nous sommes en ce moment. De plus le bonhomme de plus de 2m de haut aux allures de bucheron, à la forte barbe (forcément), est très sympathique, et parle parfaitement le français. Nous allons enfin pouvoir échanger un peu plus que des signes et des sourires benêts.


Notre arrivée à Bucarest fut bien Rock&Roll car non seulement la circulation est extrêmement dense mais en plus il faut aussi jongler avec les énormes trous dans la chaussée ! Il y a de quoi y laisser une gente ! Mais heureusement on maitrise maintenant plutôt bien nos rôles respectifs de pilote et copilote et notre binôme a réussi sans se perdre, à se retrouver chez notre hôte avec la carrosserie intacte. Ca relève de l’exploit : « ils conduisent plus mal qu’un africain et un turc réunis » dixit Stéphane ! Nous avons eu la confirmation plus tard qu’effectivement les permis de conduire sont très souvent achetés …


On nous a aussi expliqué que le mauvais état de la ville était dû à une gestion politique chaotique et une succession de programmes inachevés. Les partis se suivent et s’appliquent à détruire les réalisations des précédents. La palme revient à Nicolae Ceausescu qui a quand même rasé un quartier entier du vieux Bucarest (dont 20 églises !) pour construire sa « Maison du Peuple » (l’actuel Palais du Parlement, 2em plus grand bâtiment au monde après le Pentagone !)
La circulation anarchique s’est de la même façon développée sans aucune gestion et anticipation du million de véhicules qui circulent actuellement en ville. Résultat : aucuns stationnements, et les trottoirs sont impraticables car squattés par les voitures et sont, eux aussi, truffés d’embuches …

Cette halte de 3 jours à Bucarest nous a permis de rencontrer Iléana Tsaroï de Radio Roumanie Internationale. Nous avions été mis en contact par Laurent de RFI, et nous avons passé un moment très enrichissant ensemble. Tout d’abord car Ileana parle un français impeccable et qu’elle a ainsi pu nous éclairer sur beaucoup d’aspects historiques et culturels de son pays, et ensuite parce qu’elle est très sympathique.
Elle a aussi essayé de nous expliquer le fonctionnement de la double monnaie local qui est un vrai casse-tête. C’est un peut comme quand on est passé de l’ancien au nouveau franc, sauf que les nouveaux et les anciens billets sont tous en circulation car les banques boycottent la nouvelle monnaie. Genre vous payez votre repas avec un billet de 500 000 Lei (anciens) et on vous rend 2 lei (nouveaux) ! Même les roumains en perdent leur latin.


Nous avons enregistré une petite interview dans les locaux de la Radio Nationale qui possède de magnifiques studios style année 60 tout en boiseries. Elle sera diffusée sur RRI la semaine prochaine, nous essaierons de vous mettre le lien dés que la date sera confirmée.


Nous quittons Bucarest demain avant de revenir pour récupérer nos visas pour la Russie. Nous avons été aidés par plusieurs personnes sympathiques au consulat qui attendaient comme nous et qui se sont spontanément proposés comme traducteurs. Les formalités se sont avérées plus simples qu’en France ! Si tout va bien nous aurons nos visas dans 5 jours !

Nous vous raconterons notre ré oxygénation loin de la ville dés notre retour à Bucarest.

vendredi, mars 17, 2006

De Zagreb a Belgrade : l'ex Yougoslavie

Nous voici à Belgrade, où nous profitons d’un cyber café pour écrire car nous serons bientôt en Roumanie où nous ne savons pas trop quelles connexions nous trouverons.
Depuis Zagreb nous avons fait 400 km en une journée, notre plus grande liaison. Notre Ami avance si bien que nous avons rattrapé le retard pris au début. On serait même en avance dans la saison vu la neige qu’il y a ici ! C’est pourquoi nous allons un peu ralentir le rythme en Roumanie, s’agirait pas d’être en Ukraine fin Mars ! ...



Ainsi, partis de Zagreb nous avons suivi la rivière « Sava » par des petites routes.
(rassurez-vous on n'a pas pris le pont)





Elles nous ont menées dans des villages pittoresques, où nous attirions les sourires amicaux au volant de notre « bolide ». A tous les coups les gens reconnaissent la marque Citroën et la même question revient invariablement : « How old the car ? » quelle âge elle a ?: « 40 », dits avec les mains en général parce que la question n’est pas toujours vraiment formulée en anglais …



Et elle se porte bien pour son âge ! Le seul petit problème mécanique de cette longue liaison fut la rupture d’une fixation de l’énorme alternateur pas d’origine. Emma ne pouvant se rendre utile part avec ses jumelles voir l’avifaune locale. Mais à peine le temps d’observer un Pic Epeiche que le bruit du moteur l’appelait à reprendre la route … Stéph avait déjà réparé la panne en 5 mn.



Un peu plus loin nous avions droit au 1er control de police, équipée d’un radar. Mais manque de bol pour eux on était loin de l’infraction ! Après le control des passeports ils nous ont laissés repartir.
Mais après ça nous attendait l’épisode « glauque » du périple … Il faut dire qu’une guerre laisse des stigmates qui peuvent êtres longs à cicatriser …Nous sommes arrivés dans la zone où ont eu lieu de violents combat dix ans auparavant, alors que nous suivions notre petite route de campagne. Les maisons ont alors changé de visage …




Le ciel bas et gris accentuait encore l’atmosphère, lourde des blessures passées.





On a alors décidé de prendre l’autoroute, pour être à Belgrade le soir et passer cette fois par une douane internationale.
Nous arrivons à la frontière de nuit et sommes accueillis par des hommes habillés de longues tuniques blanches que nous prenons pour des musulmans en tenue traditionnelle !!! Ils viennent vers nous et nous réclament 2 dinars. Serions-nous dans la 4eme dimension ?
On fait une tentative en anglais et ils nous réclament alors des Euros. Mais pourquoi cette somme ? « For desinfection » !
Et là, éclair de lucidité, les tuniques ne sont pas musulmanes mais des combinaisons protectrices, et le dinara est bien la monnaie serbe ! La grippe aviaire est visiblement en Croatie, et nous l’avions oubliée sans le tapage médiatique !
Notre Ami s’est alors faite aspergée et nous avons pu passer le control douanier, et militaire, sans problème.




Nous sommes finalement arrivés à Belgrade (paradoxalement le même jour que Milosevic) et nous sommes cherchés un hôtel pour nous remettre de cette grosse journée.
Pas évident avec un plan en alphabet « latin » et des rues toutes écrites en cyrillique sur les bâtiments … Finalement ici pas de petits hôtels, que des grands bâtiments style soviétique. Ca y est on a changé d’influence, on sent qu’on se rapproche de la Russie.












A Belgrade la « Sava » se jette dans le Danube, et nous allons maintenant suivre le "beau fleuve bleu" (sic) jusqu’à la Mer Noire.

mardi, mars 14, 2006

De Venise a Zagreb


Ah La Dolce Vita, que c’était bon ce petit break au bord de l’Adriatique …
On s’est trouvés une petite ville pleine de charme à quelques kilometres de Venise que nous vous recommandons. Chioggia est un village de pecheurs avec un marché animé, abondant en poissons sortis tout droit des barques qui longent le canal. Un petit Venise en plus pittoresque.




C’était notre petit refuge d’où nous avons embarqué pour Venise en bateau, en traversant toute la lagune. Trajet magnifique et emouvant pour rejoindre la ville des mysteres.




Il faut dire que Venise, aussi touristique soit-elle reste toujours aussi belle et romantique.



On s’est balladés toute la journée le long des canaux et on s’est perdu avec plaisir dans ses ruelles. Sur notre route de l’eau cette étape était vraiment incontournable …



Mais après cette halte … il était temps de reprendre la route, direction les montagnes de Slovénie.



Nous avons passé la frontiere slovène en fin de journée pour bivouaquer dans un endroit sauvage et beau. La Slovénie est très agricole et boisée, ça doit etre la Suisse des Balquans. En tous cas plus propre que l’Italie qui malgré son charme est souvent jonchée de sacs plastiques.


Aujourd’hui la Route de l’eau s’est changée en route de la neige sous l’effet du froid. Mais elle ne nous a pas empêché de traverser le pays en une journée (normal il est minuscule ! ).
Nous voici a Zagreb, en Croatie apres avoir passe la frontiere ou nous avons bien failli nous faire refouler. Normal en prenant des petites routes de campagne pour eviter l'autoroute, on s'est retrouves a un poste frontiere reserve aux locaux ... On vous raconte pas la tete des douaniers quand il nous ont vu debarquer. Mais avec nos bonnes bouilles, et en assurant qu'on avait pas d'armes, ils nous ont finalement laisse passer.
Les abords de Zagreb sont tres lugubres, mais finalement le centre est sympa et le cafe internet tres moderne !
Mais on repart des demain direction Belgrade en Serbie.

Continuez a nous laisser des messages, ca nous motive ! Et puis ca nous donne aussi l'impression de partager ce voyage ...