samedi, juillet 15, 2006

La Famille Bataargii

Après ces trois longues semaines de silence, nous revoici, avec de nouvelles aventures !
Nous avons quitté Ulan Baator le 24 Juin, par une route goudronnée cette fois, direction Tsagannuur, à 1000 km. Première journée confortable sur une vraie route, nous avions oublié comme il est agréable de rouler sur du bitume lisse ! Mais nous ne tarderons pas à retrouver les pistes chaotiques au bout de 200 km, en nous perdant sur le chantier de prolongation de la route en pleine nuit …




Au petit matin, réveillés par les engins nous avons retrouvé notre cap et nous sommes lancés à l’assaut de plusieurs cols, dans un paysage qui ressemblait de plus en plus à la taïga du grand Nord. La récompense en haut de chaque pénible montée était de découvrir à chaque fois des panoramas plus époustouflants les uns que les autres.


Dans les vastes vallées nous avons croisé plusieurs familles en transhumance, les yourtes chargées sur des chars à bœufs ou sur le dos des chameaux et le troupeau au grand complet suivant la caravane.








Nous aurions parfois préféré être comme eux à cheval, tant la piste était caillouteuse et difficile à négocier. Mais notre vaillante Ami 6, menée avec une extrême prudence et délicatesse continuait cependant, là où les mongols n’imagineraient pas passer sans 4 roues motrices.
Toutefois nous resterons modestes car la flasque qui tient l’amortisseur avant gauche s’est cassée net au matin du troisième jour. Mais Steph connaissant la faiblesse de cette pièce en avait amené une de rechange… L’anticipation était judicieuse car sans cela nous serions restés bloqués sur place, la soudure étant indispensable.






La journée était prometteuse car 50 km plus loin nous nous sommes trompés de piste… Partis dans les cailloux et les passages à gué nous avons fait demi-tour et nous sommes fendus de 40 km de plus. Mais le hasard voulait peut-être ce détour car nous avons découvert les ruines d’un ancien fort datant probablement de Gengis Khan. Le site était complètement désert car loin de la piste principale et des circuits touristiques. Il restait même des statuettes qui n’avaient pas été pillées et nous nous sentions privilégiés d’être seuls dans ce décor hors du temps. Nous avons erré dans ces vestiges imaginant les armées barbares, les soldats vêtus de cuir et de casques à pointe, le piaffement des chevaux, l’immense yourte centrale du grand Khan et le fourmillement de vie qu’il pouvait y avoir en ce lieu maintenant désert et rendu aux esprits …






Mais nous ne devions pas trop nous attarder car nous avions déjà perdu beaucoup de temps. Il nous restait cependant une dernière surprise avant de rejoindre la bonne piste : un couple de Grandes Outardes, oiseau mythique des steppes et devenu très rare, s’est laissé observer à notre plus grande joie.




Mais pour finir en beauté le déluge nous attendait ! Et oui la Mongolie est vaste et variée : deux semaines auparavant nous mourions de chaud en plein désert, aujourd’hui nous descendions des collines au milieu des torrents d’eau …
La traversée de l’immense vallée jusqu’à Moron s’est avérée une vraie pataugeoire, et les flaques trompeuses ne nous ont pas permis d’éviter une belle pierre tranchante qui nous a octroyé notre troisième crevaison de Mongolie (mais la première sous la pluie). Pour le coup la roue a été changée en un temps record !
Nous sommes finalement arrivés le lendemain à Khatgal au bord du magnifique lac de Khövsgöl. C’est le second plus grand lac de Mongolie et le plus profond d’Asie centrale avec 260 m de fond. De grandes forêts de sapins se reflètent dans son eau cristalline qui regorge de poissons. Un endroit merveilleux pour camper, randonner et pêcher …
Malheureusement nous ne pourrons pas nous adonner tout de suite à ces relaxantes activités car nous sommes venus jusqu’ici avant tout pour rencontrer la famille Bataargii, encore plus au Nord. En effet nous transportons depuis la France un petit coli remis par des amis suisses qui sont venus ici quelques années auparavant. Il y a quelques photos de la famille (ce qui représente un vrai trésor pour les nomades qui n’ont bien entendu pas d’appareils) et surtout un sac de médicaments pour une des filles qui sait soigner les brûlures (et celles-ci sont fréquentes dans un pays où l’on ne cuisine et l’on ne se chauffe qu’au poêle).

Nous espérons donc pouvoir organiser l’expédition jusque là-bas, à encore 200 km de Khatgal avec des locaux. Car pour le coup, pas question de nous y rendre avec l’Ami, la piste est beaucoup trop difficile. Nous apprendrons même qu’il faut finir à cheval car les jeeps ne peuvent aller jusqu’à ces camps d’été assez reculés.
Cependant l’affaire ne sera pas facile à régler : D’abord prendre les informations, attendre jusqu’au lendemain pour savoir combien cela peut coûter et surtout si cela est possible.

En effet la région regorge de lacs et avec les pluies de début Juillet la piste promet d’être très boueuse. Attendre encore une journée pour enfin rencontrer un chauffeur et obtenir le permit pour se rendre dans cette zone frontalière de la Russie.
Après moult hésitations, nous déciderons finalement de tenter l’aventure, sachant que notre timing est vraiment très court. En effet nous devons absolument être à Oulan Bator le 15 Juillet, et se lancer dans ce parcours un peu hasardeux sachant comme la Mongolie est un pays imprévisible est un jeu risqué …

Finalement l’envie de rencontrer cette famille et de découvrir cette région sauvage et reculée l’emporte, et nous embarquons dans une jeep russe avec un chauffeur ne parlant que mongol.
Nous démarrons sous les pires auspices : Au premier arrêt pour faire le plein, la pompe à essence manuelle déraille et il faut tout démonter pour activer la manivelle. Mais cela aurait manqué de charme s’il ne s’était pas mis à tomber un énorme orage au même instant. Les pompistes et notre chauffeur s’activent cependant sous la pluie battante et gardent même le sourire. Il faut ensuite remplir les deux jerricanes de réserve et bricoler les bouchons qui refusent de fermer. L’action « faire le plein de la jeep » prendra au moins une heure … Et oui on est en Mongolie, surtout ne pas être pressé et savoir s’attendre à tout.

Mais il faut avouer qu’Emma était un peu angoissée quand à la suite du voyage.
Il faut croire que notre bonne étoile gardait quand même un œil sur nous car notre driver, prénommé Bassun, fut remarquable et il eu même la gentillesse de nous faire prendre un raccourci de presque 100 km, au détriment de son salaire …

Les pauses etaient marquees par les Ovoo, monticules de pierres sur lesquels les mongols viennent deposer des offrandes. Ils sont en general situes en haut des cols et sont des symboles religieux. Les offrandes deposees sont placees pour proteger ou remercier, par exemple on trouve des bequilles si une source a proximite a guerit une fracture, et surtout des cranes d'animaux, des bouteilles vides et de nombreux tissus bleus ainsi que tout autre present aussi surprenant et incongru que possible comme un joint de culasse ...
Bassun allait deposer une cigarette sur chaque ovoo important et en faisait ensuite trois fois le tour par la gauche.

Peut-etre nous a-t-il protege sur le trajet car nous avions prévu deux jours de trajet et quelques embourbements, et nous atteindrons finalement Tsagaannuur en 24 h et sans encombre, à part un dos un peu endolori par les secousses de la jeep. Emmanuelle s’apercevra alors que Stephane avait largement raison : l’Ami 6 est dix fois plus confortable !!! Même si nous nous sommes bien fait balloter en tous sens, nous avons quand même pu profiter du paysage vraiment saisissant de beauté et d’immensité. Les forêts qui habillent les sommets des montagnes accentuent le côté sauvage de ses grands espaces et quand vient le soir on s’attend à voir sortir des bois des ours ou des bandes de loups. Quant à la petite ville de Tsagaannuur, elle s’étire au bord d’un joli lac où paissent les yacks.
Nous y rencontrons notre guide : D’après lui il faut compter une journée de cheval pour rejoindre les Bataargii, mais il nous faudra attendre encore toute une après-midi pour avoir les informations, qui resteront d’ailleurs des plus vagues ... Nous lui ferons quand même comprendre que nous voulons partir au plus tôt le lendemain matin.
C’est finalement aux alentours de midi que nous nous mettrons en selle (et quelles selles : deux planches de bois avec deux arceaux de fer et un coussin ! …) et que nous partirons au petit trot. Si vous envisagez la dureté des selles, alliée à l’allure la plus inconfortable du cheval, vous obtenez une « balade » qui se change rapidement en calvaire …


Mais rejoints par deux autres mongols qui semblaient décidés à nous accompagner, nous ne voulions pas perdre la face pour demander de marcher au pas ! Nous avons décidé sans nous consulter de serrer les dents et de faire une vraie liaison « à la mongole » ! Essayant de nous concentrer sur la beauté des paysages, et le bonheur de chevaucher enfin en Mongolie, à 5 de front dans ces vastes vallées, nous avons tenus vaillamment 4 heures de trot assis. Pour ceux qui ne réaliseraient pas trop, essayez de faire une demi heure de petit trot et vous comprendrez qu’il faut être né mongol pour s’y faire ! Cela dit ce choix, mis à par pour le dos, est excellent car il permet d’avancer plus vite qu’au pas et, sans galoper, de ménager sa monture ce qui est vital dans l’immensité des étendues à traverser.















Ainsi c’est avec un immense soulagement que nous sommes arrivés chez les Bataargii non pas au bout d’une journée mais seulement d’une petite après-midi. Allez comprendre …
La vue plongeante sur leur vallee nous coupa le souffle en decouvrant les meandres de la riviere qui serpentait dans la verte prairie.


Ils semblaient un peu surpris de voir deux occidentaux descendre de cheval devant chez eux. Ce n’est que lorsque, assis devant un thé au lait, nous sortîmes les photos et prononcèrent le nom de « Christian » notre ami suisse, qu’ils firent le lien et nous ouvrirent leurs plus larges sourires. Quand enfin nous leurs avons remis les médicaments ce fut une vraie explosion de joie et nous comprîmes alors pourquoi nous étions venus jusqu’ici…



Nous commencions tout juste à mieux faire connaissance quand le guide nous annonça que nous repartions dans l’heure, pour nous conduire chez les Tsaatan ! Nous saisîmes alors le malentendu : la journée de cheval, ainsi que le permis frontalier tout cela n’était nécessaire que pour aller dans ces familles, où nous n’avions jamais parlé de nous rendre ! Mais ces nomades éleveurs de rennes sont tellement devenus l’attraction touristique de la région qu’il semblait aller de soit pour Eltsindjuunn notre guide que nous nous rendions là-bas. Nous lui expliquâmes que nous étions venus ici pour rencontrer les Bataargii et que nous n’avions pas assez de temps pour aller chez les Tsaatan, pour qui nous n’avions de plus pas de présents à offrir.
Tout le monde parût satisfait et même ravi et nous décidâmes de rester en leur compagnie jusqu’au lendemain. Nous pûmes ainsi gouter avec plaisir à leur chaleureux accueil et notre guide (que nous appellerons Elton John pour simplifier son patronyme imprononçable) passa le reste de l’après-midi payé à jouer aux cartes …



Quant à nous, les enfants se sont chargés de nous occuper et nous avons passé beaucoup de temps avec eux pour notre plus grand plaisir.



Emmanuelle s’est aussi occupée spontanément d’une des filles, la voyant se « nettoyer » une méchante plaie avec une plante trempée dans de l’eau … C’était en fait une morsure de chien datant de 5 jours et affreusement infectée. La pauvre n’avait apparemment rien d’efficace pour se soigner et les frais d’un médecin ainsi que le déplacement jusqu’à la ville doivent ne relever que de circonstances gravissimes …Mais personne n’avait l’air de s’apercevoir que sa blessure était effectivement grave, pas même elle qui semblait pourtant souffrir. Après l’avoir soignée avec les crèmes désinfectantes données par les suisses, nous essayâmes de la convaincre d’aller voir un médecin mais nous restons sceptiques sur son acquiescement …
Il faut alors réaliser que malgré le développement intense du tourisme et le niveau de vie s’améliorant, la majorité des mongoles vit avec des revenus très faibles. Ainsi on peut comprendre que les dépenses vestimentaires soient évidemment ramenées au minimum (pas un membre de la famille ne portait de vêtement qui n’ai de trous) mais il en va apparemment de même pour la santé, ce qui est beaucoup plus inquiétant.

Par contre les enfants, qui ne peuvent être scolarisés dans un lieu aussi reculé, apprennent cependant à lire et à écrire à la maison, probablement avec l’aide des plus grands. Ainsi la petite fille faisait des devoirs le soir, après avoir aidé à la traite des vaches.


Nous avons d’ailleurs pu aider nous aussi en retenant les petits veaux pendant que les femmes trayaient les vaches et les yacks. Ce fut un beau moment partagé, les regardant faire à l’ancienne, alors qu’autour de chez nous plus une ferme ne fait cela à la main, nous étions admiratifs.



Avant le diner, ils ont tenus à faire une longue séance photo avec tous les membres de la famille, avec la promesse de leur faire parvenir les clichés. Nous avons passé la soirée à essayer de communiquer avec un peu de dictionnaire anglo-mongol, quelques mots de russe, beaucoup de signes et surtout des sourires…

Ici ils ne vivent non pas dans des yourtes mais des maisons de rondins de bois, aménagées de la même façon, le poêle au centre. Nous n’avons pas accepté de dormir avec eux, ne voulant pas les priver d’un lit et ayant emmené notre tente.

Mais le lendemain matin nous fûmes invités dés le réveil à venir manger dans la maison. Nous avons alors échangé des cadeaux avec beaucoup d’émotion car nous ne nous attendions pas à autant d’attentions. En effet Bataargii offrit spontanément son couteau de chasse à Stéphane, et nous fit présent d’une de ses superbes sculptures sur un bois de renne. De plus leur fille avait cousu le matin même un petit sac en tissu tout spécialement pour y mettre un fromage de leur fabrication. Nous étions vraiment touchés de tant de générosité. Nous n’avions malheureusement pas de choses aussi personnelles à leur offrir en échange mais nous avions apporté de la farine et du riz pour les remercier du repas, ainsi que des présents pour les enfants. Mais ils furent particulièrement contents des sangles et des mousquetons que nous leurs donnâmes car ils s’avèrent très utiles notamment pour charger les chevaux, ainsi que des petits parfums que nous offrîmes aux filles et à la maman, et de l’Opinel que Stéphane donna à Bataargii. Quel bonheur et quelle simplicité d’échanger des présents entre des personnes qui ne parlent même pas la même langue ! Nous étions tout émus quand nous rangeâmes nos cadeaux dans nos sacs.

Mais au moment de partir, on trouva notre « Elton John » au lit, pris soudainement de vertiges ! On eu beau lui donner du sucre notre gars nous faisait une baisse de tension et pouvait à peine nous parler. Pour un rude gaillard, jeune et militaire quand il ne fait pas le guide, on est un peu surpris… Il faut croire qu’on avait bien choisi son surnom !
Mais résultat on se trouvait coincés en attendant qu’il retrouve ses esprits. On avait à peu prés tout envisagé des complications éventuelles de ce périple, mais alors vraiment pas celle-ci !!! Toujours aussi imprévisible cette Mongolie.
Nous avons décidé d’attendre un peu mais en milieu d’après-midi, l’Elton ne s’étant toujours pas relevé, nous lui proposâmes de rentrer devant avec les chevaux. Nous avions le trajet tout tracé sur le GPS et nous nous réjouissions de pouvoir conduire nos montures à l’allure qui nous plairait.
Mais c’est sans compter notre ami Bataargii qui insista pour nous raccompagner.
Et nous repartîmes évidemment … au petit trot …
Avec les courbatures de la veille en plus, et un soleil de plomb, ce fut plus difficile qu’à l’aller mais Bataargii avec son grand sourire nous fît la discussion, moitié en russe moitié en mongol tout le trajet et nous fit oublier nos dos et nos fesses douloureux.
Malheureusement à l’arrivée, au soulagement de descendre de cheval succéda la pénible constatation : pas de Bassun ! Notre driver et sa jeep n’étaient pas restés à nous attendre comme prévu et personne n’avait l’air de savoir où ils se trouvaient … Une seule chose à faire, monter la tente et attendre …
Et nous attendîmes, encore et encore, passant la soirée sous un orage, puis toute la journée du lendemain sous la canicule. Nous commencions à nous inquiéter car il avait gardé une partie de nos affaires, quand il s’est pointé, tout surpris de nous voir déjà là. Le bougre pensait lui aussi que nous étions allés chez les Tsaatan et que donc nous ne pouvions être rentrés avant ce soir …
Il faut dire qu’en restant la journée à Tsagannuur nous avons un peu mieux compris l’effet « Tsaatan » aussi appelés « Dukha ». Nous nous croyions au bout du monde dans ce petit village quand nous avons vu débarquer un groupe de touristes en bob, français de surcroîts, avec le pantalon de cheval, les bottes et même la bombe (quand on voit les enfants mongols à cru et pieds nus, ça fait un peu ridicule). Ils s’en allaient avec chacun un cheval de bas (c’est dire s’ils voyageaient léger pour faire de « l’équitation ») rendre visite à ces nomades éleveurs de rennes vivant dans la taïga. Pour le coup nous n’avons plus regretté du tout de ne pas y être allés car visiter des gens comme on visite un site touristique ne nous intéresse pas du tout. Est-ce depuis l’émission de Nicolas Hulot que ce peuple attire autant de touristes français ? … Le fait est qu’ils ne sont plus que 200 et que leur culture est très menacée, à la fois par un tourisme « irresponsable » et par les missionnaires qui essaient d’évangéliser ces fervents pratiquants du chamanisme.
Leur mode de vie entièrement nomade, dépendant complètement des rennes pour leur nourriture, leurs vêtements, leur logement (ils vivent dans des tipis en peau de renne) et leurs déplacements est certainement passionnant et si nous avions eu le temps nous aurions aimé aller jusque là-bas. Mais dans d’autres conditions et à une autre saison qu’en plein rush touristique.

Donc finalement tout contents d’avoir retrouvé notre Bassun, nous partîmes sur le champ pour retourner à Khatgal où nous attendait notre chère auto. Nous ne mîmes pas plus de temps qu’à l’aller et nous retrouvâmes au bord du grand lac après 5 jours d’absence au lieu des 10 prévus au départ ! Nous étions ravis car nous allions pouvoir enfin profiter de ce très bel endroit pour camper au bord de l’eau et nous reposer.
C’était sans compter sur la pluie qui avait décidé de ne plus quitter les lieux, elle aussi sûrement amoureuse de la région. Les premiers jours cela n’était pas trop gênant car c’était sous forme d’orages ponctuels et cela transformait le lac en un lagon aux couleurs d’émeraude. Le premier soir la lumière fantastique avait transformé le lieu en un paysage tropical et l’apparition d’un arc en ciel parfait vint souligner la magie de cet instant extraordinaire.


Nous avons quand même pu nous balader au bord de l’eau transparente où l’on voyait nager les poissons et nous détendre, Stéphane en pêchant les repas du soir et Emmanuelle en dessinant, goûtant à une vraie pause depuis Ulan Bator. Nous nous étions en plus fait un copain « le chien » qui nous accompagnait partout, qui nous gardait la nuit et bien entendu partageait nos repas !




Malheureusement au bout de deux jours nous étions confinés sous la tente, avec une averse incessante. Au début on trouve le bruit des gouttes sur la toile romantique et reposant … Jusqu’à ce que la bâche gonflée d’eau se vide sur le matelas et les duvets … puis que la température commence à sérieusement chuter, et qu’enfin on vide la batterie de la voiture comme des nigauds en regardant un de nos « Fantômas » russe pour passer le temps sur l’ordinateur … Là les choses se compliquent : pas un rayon de soleil évidemment pour recharger avec notre panneau solaire, la voiture garée en pente devant une souche, sur un sol détrempé … on peut difficilement trouver pire pour la pousser … et enfin si on arrive jusque là un petit col transformé en bourbier par les 4x4 qui peinaient déjà à monter la côte …
Résolument optimistes, on décide d’attendre le lendemain, persuadés que « ça va se calmer ». Nos prières n’ont pas suffit à écarter cette dépression bien installée et nous constatons dans le matin gris qu’il a encore plu toute la nuit. Il est grand temps de déménager et nous faisons appel à un groupe de jeunes qui campent non loin, et aux affaires tout aussi trempées que les nôtres, pour nous aider à sortir la voiture.
Une fois hissée sur la piste, c’est un 4x4 que nous hélons pour la tirer afin de la démarrer.
Il reste enfin le fameux petit col labouré à passer. Mais la voiture à vide et Steph seul dedans il réussit à la faire grimper en zigzagant autour des ornières.
Par chance Bassun notre driver habitait en haut du col, et en échange de notre gros réservoir dont on ne servait plus (et qui le réjouit littéralement) il accepta de descendre chercher toutes nos affaires avec sa jeep.
Cet épisode boueux aurait été plus rigolo en images mais malheureusement notre petit numérique n’a pas supporté l’humidité ambiante et est tombé en rideau complet. Nous continuons donc depuis a faire des cliches numeriques avec la camera qui fait des photos de bien moindre qualite ... a notre grand damne.
C’est finalement dans un camp de gers (location de yourtes individuelles) que nous atterrissons, comme bien d’autres campeurs, pour faire sécher nos affaires.
Nous apprenons alors que nous ne pourrons pas repartir avant deux jours minimum car les rivières sont en crue et que l’Ami6 n’est pas encore amphibie ! Même les 4x4 ne peuvent pas passer et des mini vans sont restés bloqués dans l’eau.
Nous croisons les doigts pour pouvoir quitter Khatgal mercredi car il nous faut trois jours minimum pour aller à Ulaan Baator, où de la famille nous rejoint Dimanche !

N’ayant d’autre choix nous restons deux jours de plus et le hasard faisant si bien les choses, c’est à ce moment que se déroule le Naadam, la grande fête nationale mongole. Nous qui ne voulions pas y participer à Ulan Bator où c’est la cohue, étions ravis d’y assister dans cette petite ville où il prend plutôt des allures de kermesse.
Cette fête annuelle est à la fois l’occasion pour les familles de se réunir, et une sorte d’olympiade des sports nomades. Les deux évènements les plus prisés sont la lutte et la course de chevaux. Il y a aussi des compétitions de tir à l’arc et des spectacles de danse et de chant.
Les lutteurs sont habillés d’un petit gilet et d’un mini slip de cotons pour fournir peu de prise à l’adversaire. Cela fait un peu penser au combat de sumos.
La course de chevaux est menée uniquement par des enfants, de 5 à 12 ans qui montent souvent à cru et même en chaussettes dans un galop effréné. La plus longue course est de 30 km, pour les chevaux de 3 ans. Les enfants sont souvent à peine plus vieux et les quelques chutes sont parfois mortelles car ils ne sont bien évidemment pas du tout protégés. Mais c’est un grand honneur de gagner cette course et les récompenses au Naadam d’Ulaan Baatar sont très importantes. Le dernier aussi

Nous eûmes la chance d’être épargnés par la pluie toute l’après-midi et ne passant pas inaperçus avec notre auto garée au milieu de la rangée de tout terrains, nous nous sommes fait des amis parmi les nombreux étrangers présents pour la fête et nous avons passé une superbe journée.



Elle s’est terminée en beauté par un concert de musique traditionnelle magnifique. Nous n’étions que dans une petite ville mais la prestation était d’une qualité inattendue. Les musiciens tiraient des sons extraordinaires de leurs instruments originaux. En particulier cette sorte de violon à tête de cheval, le « Morin Khuur » qui possède seulement deux cordes mais qui sort une multitude de notes. Ainsi que la harpe dont la jeune fille jouait avec une grâce incroyable. Mais le plus impressionnant fut quand un des jeune homme ouvrit la bouche pour produire des sons venus du fond de sa gorge avec une résonnance hallucinante. Nous avions déjà entendu ce chant que l’on appelle « khöömii » à la télévision, mais en réalité c’est toute autre chose et l’on ne peut que rester béat devant cette mélodie extraordinaire.

Ainsi nous avons profité du mieux possible de ces deux jours supplémentaires.
Mais la pluie ayant cessé nous quittâmes ce bel endroit et nos nouveaux copains le mercredi matin car il ne nous fallait pas trainer d’avantage. Nous redoutions de mauvaises surprises sur la route et nous ne savions pas vraiment à quel point le niveau des rivières avait baissé.
Mais le passage à gué le plus important qui était redoutable deux jours auparavant s’est laissé franchir sans problème. Nous avalâmes les 800 km en deux jours et demi au lieu de quatre à l’aller et fûmes encore une fois dans les temps à la capitale sans même une crevaison !
Nous nous sommes bien un peu égarés deux trois fois car le GPS avait perdu notre tracé de l’aller (cela aurait été trop simple de suivre nos traces !) mais rien de bien méchant.
Nous sommes arrivés soulagés, nous rappelant que 3 semaines avant, en quittant Oulan Bator, nous n’étions surs de rien en lançant encore une fois notre vieille Ami sur les pistes…

Mais à présent nous sommes 5 personnes pour une douzaine de jours et nous allons enfin lui accorder un repos bien mérité. Prochaine destination la vallée de l’Orkhon au Sud Ouest d’Oulan Bator pour rencontrer la famille de Jahra, pour qui nous avons aussi des photos de la part des suisses.
Que nous réserve encore cet incroyable pays comme belles surprises (ou comme petits ennuis) ? Nous verrons bien mais nous abordons la suite avec joie et sérénité car s’il y a bien une chose qu’enseigne le voyage c’est que rester positif ne vous attire que des bonnes choses !

10 commentaires:

Anonyme a dit…

Et alors? vous boudez la bonne bouffe francaise? Sans doute avez vous fait une overdose de rillettes hier?! Et bien tant pis, nous avons mange nos escargots, poulet a l'estragon, saumon, charcuterie et profiterolles sans vous! Bises et bonne continuation (dites, c'est vrai quelles sont drolement jolies vos photos!)

Anonyme a dit…

on a juste eu le temps de jetter un coup d'oeil rapide aux photos et de commencer à lire la suite de vos aventures...mais je pense que je vais me pencher dessus plus en détail ce soir. Les photos sont géantes...ça donne vraiment envie et je pense qu'on va se régaler quand vous allez rentrer....si vous rentrez!!
Joel et moi vous envoyons de gros bisous et toute l'équipe de Lapalisse vous envoie une grosse pensée pleine d'encouragement et d'enthousiasme!
Bonne continuation.

Anonyme a dit…

C'est vrai, votre temperament positif ne vous attire que du bon!
Encore de bien jolies rencontres...
Attention à ton dos ma bichette!

bisous à vous deux.
tata Maryse

Anonyme a dit…

Toujours un peu de temps a consacrer a votre Blog.. On se regale de tout ce que vous faites... ET particulierement en ce qui me concerne, sur l'actualité mécanique de l'aventure !

On ne peut que vous encourrager a continuer , et si jamais un jour vous revenez, on sera tres Heureux de vous revoir !....

Big Bize.
Andrick et Michéle

LE ZUBIAL a dit…

Hey hey

Bon, je crois que c'est la grosse tawa en Mongolie, là, non ?

Petit Pierre doit être là bas, avec Nath, et tout, ça doit être trop fort !

Je pense bien à vous depuis la Suisse où je me révolutionne doucement : nouvel appart, nouvelle copine, nouveaux projets, juste le boulot et le sourire qui ne changent pas....

Et vous, bien sûr, toujours aussi formidables, généreux et fous.

A lire vos dernières aventures, je n'ai pu pensé que ça.

Vous avez le talent pour conjuguer le verbe "rêver" au présent pas simple....... :o) mais bien réel !!!

Continuez bien votre épopée fabuleuse, buvez un verre de lait de jument fermenté à ma santé et surtout... ne nous oublions pas :o)

Tendresses

Thom

Anonyme a dit…

Salut la croisière jaune. Alors cette ami vous la ramenez ou pas ? J'en connais un qu'aurait dit : "Si vous la laissez, je tue le chien". Merci mille fois pour votre carte magnifique qui nous a fait très plaisir. Votre aventure c'est une merveille. Vous nous faites rêver. Bises à vous et bon vent pour la suite.

Anonyme a dit…

Bonjour,

Cet article de votre blog http://routedeleau.blogspot.com/2006_07_01_archive.html est très intéressant !
Je n’ai pas trouvé de mail direct pour vous contacter.
Pouvez-vous me joindre à l’adresse suivante : manuelvoyageur@gmail.com afin que l’on puisse échanger ?

Merci pour votre réponse et à bientôt,

Manuel.

yanmaneee a dit…

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