jeudi, avril 27, 2006

La Crimee

Nous avons quitte la Moldavie dimanche 16 Avril et nous sommes présentés à la frontiere ou 8 douaniers moldaves curieux et amuses ont entoure la voiture. Intrigues, ils ont voulu voir le moteur pendant qu’un plus zele a fait ouvrir coffre et portes et a meme inspecte la darbouka !
Apres 10 mn a donner l’annee de la voiture, le nombre de cylindres, etc … nous avons pu repartir direction la douane ukrainienne. Accueil tout en ukrainien et premieres difficultes de communication …

Nous passons finalement tout guillerets en Ukraine et decouvrons enchantes une immense roseliere entourant un lac peuple d’aigrettes et d’autres oiseaux d’eau.

Mais la un nouveau poste de contrôle avec accueil en trailli. Ce n’est pas vraiment une douane, mais apres n’avoir rien compris a ce que nous disait le militaire, on se retrouve avec un papier tout aussi incomprehensible, et une invite a continuer.
Se dresse alors sur le bord de la route un grand panneau :
« REPUBLIQUE DE MOLDAVIE . Interdiction de s’arreter sur 8 km » !!!
Qu’est-ce que cela signifie ? On croyait etre passes en Ukraine !

On continue incertains, jusqu'à un nouveau contrôle. La on nous fait descendre de la voiture et on nous conduit a un petit bureau ou un gros ukrainien en trailli nous remplit un papier et nous reclame 25 Euros ! Devant notre air etonne et plutôt contrarie (on avait rien paye a la « vraie » douane) il finit par nous faire comprendre que c’est une assurance. On essaie comme on peut de lui justifier qu’on est déjà suffisamment assures en lui sortant tous nos papiers en francais, mais le bougre ne veut rien savoir et le ton monte.
On finit alors par ceder, de peur de franchement enerver le gros militaire. On repartira avec encore un papier tout aussi obscure que les autres, dont nous ne connaitrons certainement jamais la signification. Mais bon l’Ukraine ne necessitant pas de visa pour les ressortissants francais, on pouvait bien lacher quand meme 25 Euros …

Nous arriverons sans autre encombre a Odessa, au bord de la mer noire. Nous y passerons deux jours pour faire le tour de cette ville pleine de charme, ou les rues pavees et la belle architecture nous rappelle un peu Paris. Cette harmonie n’a rien a voir avec les villes traversees depuis que nous avons passe l’Italie. On ne s’attendait vraiment pas a cela en Ukraine.
Il y a meme des limousines garees devant les grands hotels !
Nous apprendrons plus tard « qu’Odessa est la Florence de l’Est ».
Apres notre « luxueux » sejour chez Alex, nous ne ressentions pas le besoin d’aller a l’hotel et nous avons dormi dans la voiture, pres d’un parc. On a juste été visite par les policiers le 1er soir qui sont venus taper a notre vitre alors qu’on s’endormait… On se voyait déjà sortir des duvets pour redemarrer la voiture et deguerpir.
Mais ils se sont contentes de nous demander :
- « Problem ? »
- « No Problem » …
Et ils sont repartis ! Tout juste s’ils ne nous ont pas souhaite bonne nuit ! Cool l’Ukraine !




Pour poursuivre nous avions decide, sur les conseils d’Alex, de devier notre itineraire initial pour visiter la Crimee, qui d’apres lui est une tres belle region. Cette peninsule, a peine plus grande que la Belgique est situee au sud de l’Ukraine et s’avance entre la mer noire et la mer d’Azov. Autrefois appartenant à la Russie, elle a été « offerte » a l’Ukraine par le president Nikita KHROUCHTCHEV en 1954. Il reste ainsi un semblant de douane a l’entree, mais le control reste sommaire.

Cependant, se deplacer en Ukraine n’aurait pas été chose aisee si nous n’avions pas eu le GPS, qui s’avere maintenant d’une grande utilite car toutes les indications sont ecrites en cyrillique … Il n’affiche que les routes et villes principales, mais cela nous permet de nous positionner et surtout de nous orienter. Il nous a plusieurs fois sauve la mise, notamment dans les grandes villes ou on se perd facilement, surtout quand on arrive pas a dechiffrer un panneau ! Car malgre notre apprentissage sommaire de l’alphabet russe, en plus different de l’ukrainien, l’orientation est fastidieuse et le travail de copilote devient ardu. On a l’impression de reapprendre a lire et on retrouve la sensation que peut avoir un enfant en decouvrant les mots. Genre : PECTOPAH
RE-S-TO-RA-N
Eclair de comprehension : Restaurant !!!
C’est assez rigolo. Sauf quand il s’agit des panneaux routiers ou il faut que Steph s’arrete devant quand il peut, pour qu’Emma ai le temps de dechiffrer … Quand il peut pas ben, au feeling …


Mais on a quand meme reussi a gagner la capitale de Crimee au nom pourtant bien tordu : СИМФЕРОПОЛ : SIMFEROPOL!
Un peu perdus une fois en ville, et a la recherche d’un hôtel, nous nous sommes arretes dans un cafe internet pour nous informer sur la ville et la region. Par chance notre voisin de clavier était allemand et c’est mis a nous parler en français d’un air amuse. Il nous a alors conseille un tres bel hotel pas trop cher et nous a meme propose de nous servir de guide.
Nous nous sommes retrouve le soir pour une petite visite pittoresque des quartiers les plus interessants de la ville. Il nous a meme guide dans le vieux Simferopol aux typiques maisons basses tatares, en nous expliquant l’historique de la ville. Autrefois plusieurs ethnies, dont les Tatares d’origine turque, peuplaient Simferopol. Mais ceux-ci ont été deportes vers les goulags dans les années 30. Aujourd’hui plusieurs familles reviennent a Simferopol, mais les meilleurs logements sont occupes par des russes et des ukrainiens. Ils se sont alors regroupes dans le vieux quartier, en triste etat. C’est la partie la plus insalubre et mal entretenue de la ville. Le canalisations de gaz et d’eau circulent comme des lignes telephoniques entre les maisons : elles ne sont pas enterrees, et biensur elles fuient regulierement. Les rues pleines de trous ne sont meme pas eclairees, et la visite de nuit d’une petite partie de ce qu’on pourrait presque appeler un « bidonville » (meme si le terme est un peu fort) fut assez etonnante.
Ce quartier contraste assez tristement avec le centre-ville dont il est mitoyen.
Ici les rues pietonnes sont ombragees de grands arbres, les statues de Lenine sont fleuries et le supermarche est ouvert 24h/24 pour abreuver de biere les jeunes gens toute la nuit ! Incroyable ce qu’il peuvent boire comme biere, meme au petit dejeuner ! Celle-ci doit rivaliser avec la boisson nationale qui reste la vodka, et qui detient le palmares du plus grand rayon dans tous les supermarches. (on a failli se faire confisquer l’appareil pour cette photo !)

Apres cette visite tres instructive de la ville, nous avons été boire … une biere ! Avec notre nouvel ami Franz. Il est professeur de russe à l’Universite de Simferopol. Extremement cultive il nous a appris plein de choses, notamment sur la Russie et l’Ukraine. Mais malgre ses 3 diplomes universitaires, il est moins bien paye en Ukraine qu’un serveur de restaurant ! C’est aussi le cas pour la plupart des medecins, ou des ingenieurs qui sont moins remuneres que leurs ouvriers. Ici la valeur des etudes est moindre que celle de l’habilete manuelle … Une autre echelle des metiers.
Franz a encore été une belle rencontre sur notre parcour et nous le remercions pour l’excellente soiree qu’il nous a fait passer.

Il a cependant fallu nous quitter car nous partions le lendemain pour gagner la cote de Crimee.
Nous avons alors vraiment decouvert cette magnifique peninsule. L’interieur des terres abrite une campagne couverte de vergers, tous en fleurs a cette saison, qui s’epanouissent entre de hautes falaises calcaires.
Il faut ensuite franchir une chaine de moyennes montagnes pour decouvrir de l’autre cote la mer Noire, incroyablement bleue !

La cote est ainsi tres escarpee et la route qui la suit ne cesse de monter et descendre de 0 a 700m, ce qui a un peu fait peiner notre vieille copine.





Mais elle s’en est quand meme tres bien sortie et nous mene a de superbes bivouacs, les uns surplombant la mer, les autres tout au bord. Nous avons pleinement profite de ces magnifiques haltes, certainement les plus belles depuis notre depart. Tantôt reveilles par les dauphins et les balbuzards, tantôt par les alouettes et les bruants (voir par les vaches …), voici quelques photos pour vous donne une idee.




















Nous avons quand meme pris un hotel a Yalta car la pluie est venue jouer les trouble-fetes un jour ou deux. Mais l’endroit ne pouvait etre mieux choisi car hormis son nom historique (oui le Yalta de nos livres d’histoire c’est en Crimee) c’est une magnifique ville balneaire. Avec sa promenade en bord de mer, ses palmiers, et meme ses dauphins qui viennent nager presque dans le port ! Le week-end de Pâques (qui est une semaine apres le notre pour les orthodoxes) rendait la ville tres animee et les gens se baladaient meme sous la pluie. L’affluence cree cependant des attractions qu’on a pas vraiment appréciees : plusieurs jeunes se baladent avec des singes en laisses et meme (jamais vu ca) des chouettes effraies !!!! Tout ca pour les poser sur les epaules des touristes et leur faire payer une photo …
Enfin vous connaissez notre sensibilite, forcement, ca ennerve.




Mais bon, le beau temps revenu nous avons quitte la ville et continue toujours plus a l’Est, direction Kerch. La saison printanniere a beau etre superbe, elle est quand meme assez instable et elle nous a permis d’observer un phenomene qu’on ne connaissait pas : une mer de nuage sur la mer. Ca c’est developpe en fin de matinee, des que la temperature a commence a monter et c’est venu lecher la cote de facon tres impressionnante. Du coup nous avons eu droit a tous les temps dans ce pays, de la matinee en T-shirt a l’apres-midi sous la pluie et le soir dans le vent.



Mais dans l’ensemble ce fut une tres belle decouverte, que nous vous recommandons. D’autant plus que l’Ukraine n’est vraiment pas cher, pour donner une idee le litre d’essence est à environ 50ct d’Euros ! C’est le premier pays que nous traversons ou l’essence est enfin moins cher qu’en France (et oui la crise doit toucher toute l’Europe) et ou le cout de la vie est revenu à celui de notre bon vieux franc des annees 80.

Nous attendons de voir ce qu’il en sera en Russie. Nous nous appretons a passer la frontiere demain, non pas par voie terrestre mais maritime. En effet il y a un ferry a Kerch qui permet de passer en Russie en 1 heure. Nous aurons alors 5 jours, le temps de notre visa de transit pour traverser cette region, de Kavkaz à Astrakan, soit pour faire environ 1200 km.
Nous vous relaterons alors nos aventures russes au Kazakhstan ! Vivement la rencontre avec les barbus !

En attendant nous avons un ami qui est déjà lui chez les barbus, les durs, et qui a cree un blog absolument passionnant. Vous pouvez rendre visite a l’ami Richard (et le soutenir un peu), partit travailler avec une ONG en Afghanistan !
http://richarafgha.blogspot.com

Un autre ami qui a un super blog en forme d’explosion culturelle et de fusion d’idees. Si vous voulez lire des histoires abracadabrantes, des poemes tendres (de son cru) rire ou echanger sur tous les themes possibles, rendez-vous sur le blog de Thomas (qui s’est lui exile en Suisse).
http://lepetitsauvage.blogspot.com

Voila on ne sait pas comment mettre des liens permanents sur notre blog alors on soutient quand meme ceux des copains.

mardi, avril 18, 2006

Moldova !

En quittant Cobor, nous devions passer par Sighisoara, la ville natale de Vlad TEPES « l’empaleur », mieux connu sous le nom de Dracula ! Il etait un prince valaque du XVe siecle, heros de la resistance anti-turque.
Sa reputation lui valu le surnom de Dracul, qui veut dire dragon et Diable en vieux roumain.
La legende a fait du guerrier sans pitie un suceur de sang !



Mais apres le mythe sanglant, la blanche neige nous attendait, а plus de 1000 m. Nous avons oscille pendant 2 jours entre cols eleves et profondes gorges. Au detour d’une route sinueuse nous sommes arrives а un magnifique un lac gele. Au milieu, des troncs d’arbre depassaient de la glace et sur le bord, des centaines de grenouilles croassaient dans les roseaux.
Nous nous sommes alors fait interpeler en francais : « Vous etes les francais de l’Ami6 ? » C’etait un Monsieur d’origine francaise residant en Roumanie, en reperage pour l’Alliance francaise. Apres avoir discute autour de la voiture il nous a appris que le lac s’etait forme suite а un eboulement lors d’une grosse tempete il y a 40 ans. L’eau a alors envahi une partie de la foret et les arbres ont pourri sur place petit а petit.

Plus loin la riviere entre dans des gorges impressionnantes. Des falaises vertigineuses enserrent le ruban d’eau et l’asphalte, qui se fraient un chemin entre les parois abruptes. Par endroit le passage est si etroit que la route a du etre creusee dans la falaise pour pouvoir se faufiler entre l’eau et le roc.

Au delа des gorges s’etend la region de la Moldavie roumaine (а ne pas confondre avec la Republique de Moldavie) parsemee de monasteres remarquables. Nous avons donc fait halte dans l’un d’entre eux, qui par chance proposait gratuitement des chambres pour les voyageurs.
Perdu au bout d’une longue piste dans une campagne boisee, il est construit au bord d’une riviere dont les violentes crues ont emporte une partie de la route. Beaucoup de personnes travaillent pour le monastere, qui possede sa propre ferme.

C’est un lieu de pelerinage pour beaucoup de roumains. Mais а cette periode de l’annee le lieu est moins frequente, ainsi l’atmosphere de paix et de recueillement nous a tout de suite inspires. La Roumanie est en majorite orthodoxe et ses monasteres qui arborent des toitures aux belles arabesques et des icones eclatantes de dorures contrastent avec la tenue strictement noire des religieux.


C’est un pretre aux yeux brillants dans sa longue barbe qui nous a accueilli tout en roumain. Quand il nous a demande : « Familly ?» on a dit : « da ! da ! ». Mais quand il a vu nos noms differents sur les passeports, on a sentit que ca posait probleme : bien entendu dans un monastere les femmes dorment d’un cote et les hommes d’un autre quand ils ne sont pas maries ! Il a commence а nous expliquer que le petit Jesus voyait tout …etc…
Puis il a consulte son chat du regard. Celui-ci a du nous trouver sympa car le pretre nous a conduit а une meme chambre ! Mais il nous a quand meme donne la clef de celle d’en face en nous faisant comprendre qu’il prenait des risques et qu’il fallait etre discrets …
On a finalement dormit dans la meme mais dans deux lit а l’oppose. On a du avoir inconsciemment peur du regard du petit Jesus !!! ;-)
Nous n’avons pas regrette cette halte : le lieu etait magnifique, les chants des prieres resonnaient dans le petit matin et notre journee a commence tres zen.


Le soir meme nous etions а Iasi pres de la frontiere et nous quittions la Roumanie le lendemain. Cette ultime etape sans grand interet touristique fut cependant assez frappante. De tout notre trajet en Roumanie nous n’avons jamais vu autant d’enfants mendier dans la rue. C’est un fait : il y a beaucoup d’orphelins en Roumanie qui vivent dans la rue. Ils peuvent etre accueillis dans des orphelinats, quand il y a assez de place, et jusqu’а l’age de 18 ans. Apres … debrouille toi ! Et nous en avons vu des tous jeunes tendre la main …

En conclusion nous avons parcouru 2200 km en Roumanie en un peu plus de 3 semaines, sur environ 5100km effectues depuis le debut avec notre meilleure « Ami ». Et pas une seule crevaison, ce qui est un record vu l’etat des routes de Roumanie. En effet le metier le plus repandu dans ce pays est celui de « Vulcanisateur » : reparateur de pneus. On en trouve meme dans les lieux les plus recules ou il n’y a aucun autre commerce !
Pas un seul vol non plus, malgre ce qu’en disaient les medisants.
Nous quittons ce beau pays un jour de pluie, le seul que nous aurons eu depuis le debut du voyage. Nous avons echappe aux inondations par chance, et avons ainsi pu visiter une bonne partie du pays. Nous restons impregnes de l’odeur du feu de bois qui parfume tous les villages, par les aboiements des chiens qui resonnent la nuit, les claquement des sabots des chevaux sur l’asphalte et le gloussement des dindons pendant la sieste… Mais aussi dans les villes, par les avertisseurs des voitures qui jouent toutes les melodies d’alarmes possibles et imaginables. Une Dacia а elle seule interprete tout une cacophonie digne d’un jouet pour enfant (du genre de ceux qu’on confisque au bout de 3 minutes !).
Nous emportons avec nous les sourires et les rires des gens а la vue de notre « machina » !
Has been les Porches, BM et Ferrari : si vous voulez que des jolies roumaines posent devant votre voiture, venez en Ami6, succes assure !!!


Il fallait cependant continuer notre voyage et nous sommes entres le 12 Avril dans le 6eme pays de notre itineraire : La Republique de Moldavie, ou notre ami Alexandre nous attendait.
N’aillant pas pris le visa auparavant, il nous fallait faire les formalites а une douane possedant un service consulaire. Nous sommes arrives prets а nous armer de patience n’ayant aucune idee du temps que cela prendrait. A notre grande surprise nous sommes ressortis au bout de 10 minutes visa en poche ! Il a encore fallu passer le controle douanier puis policier. Donner quelques Euros pour la « taxe ecologique » (! ) 25 autres aux policiers pour un vague petit papier ( !! ), et finalement encore 5 Euros juste pour se faire lever la derniere barriere ( !!! ).


Nous sommes arrives а la nuit tombee а Chisinau (prononcer « kichno »), la capitale du pays.
Alex et sa famille nous ont accueilli а bras ouverts. Il vit avec sa femme Anastasia et leur petit garcon Maximilian dans un splendide appartement grand standing.

Lа encore nous avons ete recus comme des princes : Oleg le frere d’Alex nous a fait une visite guidee de Chisinau et nous a emmene dans un de ces fameux marches ou on trouve de tout. Evidemment Stephane a deniche son bonheur pour bricoler l’Ami6.


Ils nous ont meme sortit : Boite de nuit high tech avec DJ roumains, et partie de bowling. Incroyable pour les deux culs terreux du beaujolais qui n’avions jamais fait ca ensemble …!
Alex nous a invites dans un des plus beaux restaurants de la capitale pour deguster des specialites moldaves et d’excellents vins du pays.
Et sa maman nous a prepare un veritable festin le dernier jour.


Au final nous avons eu droit а la « Vodka Party » ou nous avons vraiment appris comment se boit la vodka : avaler cul sec et croquer dans la foulee un toast, un citron, une tomate ou encore une salade de choux …

Resultat pas de signe d’ebriete apres le 7eme verre et aucune sequelle le lendemain ! Incroyable !

Mais ce n’est pas tout, d’une part grace а lui un collegue informaticien a depanne notre ordinateur qui avait des faiblesses depuis l’Italie.
Et d’autre part il nous a trouve une assurance auto pour la Russie qui a ete conclue en, tenez-vous bien : 10 mn chrono !!!
La Moldavie, c’est le paradis !

On peut meme consulter Internet sans danger !


Avant de quitter cette sympathique famille nous avons ete orientes pour sortir du pays sans encombre. Nous avons ainsi pu eviter une zone entre la Moldavie et l’Ukraine connue pour le racket des voyageurs.


Avant notre depart Alex a tenu а faire un petit vol d’Ami6.
Il faut dire qu’en temps normal le pilote c’est lui, et l’avion est d’un autre gabarie : un Antonov 74, celui du Boogie de Vichy !


Merci а toute la famille GUTU pour ce sejour court mais memorable !

Nous postons cette page depuis l'Ukraine, a Odessa au bord de la mer noire. Ne nous en voulez pas pour les accents, les claviers en cyrillique ne les reconnaissent pas ...

samedi, avril 08, 2006

Immersion culturelle

Avant de partir dans les Carpates nous devions retrouver un roumain, rencontré dans une station essence au volant de sa 2 CV une semaine auparavant. Il nous avait alors invité chez lui et nous avait donné son numéro de téléphone. De retour à Bucarest nous l’avons contacté et nous nous sommes baragouiné en franco roumain un rendez-vous pour le soir même.
Il nous a conduit chez lui au nord de Bucarest. La maison toute de bois multicolore semblait poussée comme un champignon au milieu d’une zone industrielle. Le jardin autour éclatait en bourgeons de printemps, chiens et chat se baladant au milieu des planches et de divers objets, et l’ensemble était assez surréaliste.

Il nous parlait en roumain, avec une telle envie de communiquer, qu’avec ses quelques mots de français mâtinés d’italien et assaisonnés d’un peu d’anglais, on arrivait à se comprendre.
Sa femme qui nous a rejoint plus tard parle français et elle a fait alors la traductrice.

Ils nous ont offert le repas, ont tenus à nous laisser leur chambre et nous ont ouvert tout grand leur modeste demeure. Ils se seraient pliés en quatre pour nous faire plaisir.
Le lendemain Emma est allée au grand marché de Bucarest avec Mona. La surface occupée par le marché est immense et divisée en plusieurs secteurs : les bouchers d’un côté et les poissonniers d’un autre sont regroupés sous un marché couvert, les fruits et légumes sont un peu plus loin, mais surtout le coin original était celui de la quincaillerie et objets en tous genres, jamais je n’ai vu une telle diversité passant des matériaux de construction au fer à repasser, aux louches et aux postes de radio … Ici tout se négocie, même les cartouches de cigarettes, si vous allez voir discrètement la petite tzigane au coin de la rue : moitié moins cher que dans les magasins … L’essentiel c’est le prix, l’origine du trafic n’intéresse personne …

Steph de son côté, est resté faire une bonne révision de la voiture avec son nouvel ami !
Entre « Citroënistes » pas de problème de langage, quand il s’agit de causer cardan, pompe à essence ou vidange, tout est clair ! Adrian est même allé chercher un ami pour ressouder la pate de fixation de l’alternateur qui s’était cassée quelques semaine plus tôt (pour ceux qui ont raté l’épisode, voir le chapitre «de Zagreb à Belgrade » :=) )




A midi nous avons eu à nouveau le barbecue, ils ont acheté des kilos de viande et de saucisses pour nous faire plaisir … (on s’est bien gardés de leur dire qu’on était plutôt légumes comme régime !) La dessus Adrian a sortit sa camera ! Le bonhomme était assistant cameraman avant sa retraite (entre autres jobs). Décidément que de points communs avec Steph, car il est aussi « inventor, ingenior et doctor de voiture » !!!

Au final nous avons eu grand mal à prendre congé de leur immense hospitalité car ils auraient aimés nous garder encore et nous nous sentions vraiment bien avec eux. On a beaucoup ri, et on a aussi beaucoup appris de la vie de certains roumains à Bucarest. On a surtout découvert un sens de l’hospitalité que nous n’imaginions pas, ils semblaient juste vouloir nous faire plaisir et nous avons été extrêmement touchés par tant d’attentions. Steph pense que c’est « l’esprit deuchiste » … En tous cas il est vrai que nous les avons rencontrés grâce à l’Ami6 et pour le coup le hasard a bien fait les choses car il n’y a que six 2CV et une seule Ami dans toute la Roumanie.
Mais les Carpates et la ferme « WWOOF* » nous attendaient, et c’est le cœur un peu serré que nous avons repris la route.


Le lendemain nous avions rendez-vous avec Erwan à Fagaras, une petite ville des Carpates méridionales. La mine joviale il nous invite à le suivre jusqu’au village où il vit, à quelques kilomètres. La route principale est coupée par les crues de l’Olt et il nous faut prendre une piste pour y accéder. Cobor est quasi inaccessible à certaines périodes de l’année car il est un des villages les plus reculés de la région. A la vue de sa moto pleine de boue nous nous enquérons de l’état de la piste : « Bo ! Ca monte un peu mais c’est beaucoup plus sec ces derniers jours » …

Nous voila partis à la suite du motard, sur une jolie route qui serpente entre des collines qui nous rappellent l’Auvergne. Arrivés au pied de la piste Erwan s’arrête discuter avec un villageois, qui lui dit qu’avec cette voiture on ne montera jamais. Mais pris dans notre élan on se lance à l’assaut de cette longue côte. S’agirait pas de s’arrêter, sinon c’est demi-tour assuré. Steph concentré à 200 % nous mènes au sommet où nous arrivons finalement en 1ere. Mais il reste à négocier la descente sur l’autre versant dans 20 cm de boue fraiche ! Cette fois c’est le Camel Trophy : ça nous donnera une idée de la semaine qui nous attend …

On arrive tant bien que mal, et notre hôte, surpris par les capacités de notre auto, nous présente enfin son domaine ainsi que Nélou, son acolyte.
Erwan est français et il est littéralement tombé amoureux de la Roumanie. Il a alors décidé de venir s’y installer et s’est déniché une puis trois maisons dans ce village perdu pour y monter plusieurs projets. Son leitmotive : la solidarité, l’entraide, l’engagement personnel et la persévérance.

Il nous a donc entrainé dans une semaine de labeur dans une ambiance sympathique. 1er boulot sur notre route de l’eau : remettre en état un puit ! Ce ne fut pas une mince affaire, deux jours de travail pour refaire la margelle, curer le fond et le nettoyer entièrement.

Mais bien évidemment ce n’était pas tout, nous avons aussi déraciné des souches, préparé le jardin potager, monté une barrière, tombé un mur de terre, rangé du bois, consolidé une grange, et un tas d’autres bricoles …



En gros on a bien bossé mais en contrepartie on a été nourris comme des princes. Nelou nous a préparé une cuisine roumaine délicieuse toute la semaine : au menu Ciorba (bouillon de légumes avec des morceaux de viande) servie plutôt au déjeuner, beaucoup de légumes cuisinés assez relevé, un excellent plat de choux cuit (style choucroute) avec des petits morceaux de viande (mais attention à la fermentation…). Et surtout le merveilleux cakou de Nelou !
Le plus dur c’était d’attendre 15h voir 16h pour le repas de « midi ». En effet en Roumanie on mange plutôt à cette heure-ci, sans faire de pose à midi.


A la fin de la semaine nous l’avons accompagné pour aller chercher une scierie à 250km de Cobor, sous la pluie. Un vrai périple nous attendait.
Nous sommes partis à 10h00 du matin pour revenir … à 3h00 du matin ! Cela redonne la notion des distances quand il n’y a pas d’autoroute et qu’en plus les routes sont chaotiques. De plus au retour nous trainions une charge très importante et sur certaines portions nous roulions au pas tant il y avait de nids de poules. Mais surtout au final il fallait reprendre la fameuse piste ... Là pour le coup impossible de monter, seule solution, appeler Nelou à la rescousse avec l’Unimog (petit camion 4x4). Notre véhicule était bien équipé d’une radio mais celle de Nélou était déchargée, Erwan a bien un téléphone portable mais il n’avait plus d’unités …
Heureusement qu’il y avait par miracle une cabine au village en bas de la piste et qu’Emmanuelle avait une carte de téléphone roumaine !
Mais là encore tout n’était pas gagné car il fallait que Nélou arrive à démarrer l’Unimog n’aillant été briffé qu’une fois et de jour, sachant que la batterie était faiblarde, et qu’il n’y avait que très peu de gasoil !
Suivi une longue attente à guetter des phares dans la nuit. Nous commencions à nous préparer à effectuer les 5 km à pied quand enfin notre sauveur est arrivé ! On a alors fixé une élingue à la camionnette et le long et lourd cortège a commencé l’ascension.
Là encore c’était complètement surréaliste de voir cet équipage gravir la colline dans la boue en pleine nuit : un camion, qui en tirait un autre, qui tirait une scierie à 12000 Euros !
Bien évidemment l’élingue à cassé et Steph s’est mis debout sur le frein jusqu’à ce qu’on la remplace par une plus grosse, et c’était repartit, cette fois jusqu’à bon port, où tout est arrivé intact.
On a enfin pu souffler autour d’un petit plat de Nélou (on avait toujours pas mangé) à 4h du mat.

Voila, « c’est ça la Roumanie » dixit Erwan, il aime ça, et c’est son quotidien.
Un peu fou nous direz-vous ?
Oui, et qui se ressemble s’assemble ! C’est pour ça qu’on était contents de partager cette semaine avec lui, ce gaillard idéaliste et courageux, qui va au bout de ses rêves et qui nous a bien fait rire quand il jure en roumain « Puta Madre de Dracul » !

Certes nous n’avons pas visité le château de Dracula et autres sites touristiques, mais ces 10 derniers jours ont été riches en rencontres et en échanges culturels, et forts en relations humaines.


Nous allons quitter ces gens chaleureux, pour reprendre notre route de l’eau par les gorges de Cheile Bicaz direction la République de Moldavie.

*WWOOF : World Wide Opportunities on Organic Farms